Nous sommes donc entrés en Iran par le poste frontière de Sero sans rencontrer de problème, formalités douanières réglées en un peu moins de 2 heures.
Frontière géographique, et frontière chronologique, nous sommes désormais en 1432 si l’on retient le calendrier lunaire islamique, ou en 1390 selon le calendrier solaire iranien.
Route vers l’est en contournant le lac d’Orumieh par le sud. Les rives de cet immense lac aux eaux extrêmement salées évoluent au fil des saisons. Paysage étrange, presque lunaire en cette fin d’été, nous ne voyons pas l’eau tant elle est éloignée de la rive sur laquelle nous nous promenons.
Pour trouver le « nan » de notre diner (le pain iranien, grande galette d’une extrême finesse) nous quittons la route principale. Arrêt dans un village à la nuit tombée, attroupement de locaux curieux de nous voir ici. Pas de pain à acheter mais il y en a chez nous…Invités à diner dans une jolie famille, le repas se partage, assis en tailleur sur de moelleux tapis. Ces œufs au plat ont une saveur indescriptible. Merci à nos hôtes.
Nous sommes dans l’Azerbaïdjan iranien, certains costumes, portés avec élégance sont fabuleux, tissus très colorés pour les femmes, larges pantalons bouffants pour les hommes.
Nous remontons vers le nord pour rejoindre Tabriz. Relire l’Usage du monde !
La spécialité de Tabriz est son chocolat mais les parfums de cacao sont aujourd’hui étouffés par ceux des voitures. Ville industrielle où l’activité humaine est intense. Peu de vestiges de son riche passé exception faite de la Mosquée bleue, construite en 1465, aux belles céramiques. Nous séjournons dans un hôtel qui fut sans doute splendide voici quelques années, les lustres à pampilles en témoignent. Dans le Musée d’Azerbaïdjan, de belles collections cohabitent, plats achéménides et poupées-marionnettes. Simon est sacré gardien-chef le temps d’une photo.
A Tabriz aussi les rencontres se multiplient, et même avec des français. Nous n’oublierons pas cette maman voyageant seule en Iran avec son chérubin de 3 ans, appelé Porter, du nom du bateau sur lequel elle l’avait mis au monde.
Dernière soirée à Tabriz et son luna-park : les manèges grincent en tournant, les singes s’emmêlent dans leurs chaines trop courtes, mais tout y est si coloré, délicat, retenu, élégant. C’est à l’image du pays.
Départ pour Kandovan, petit village où le temps semble s’être arrêté. Nous remontons au XVeme siècle du calendrier grégorien cette fois. Les maisons troglodytiques creusées dans le tuf pourraient avoir 3000 ans. Elles ressemblent à des chapeaux de lutins peints en ocre. Le seul restaurant ouvert nous propose des kebabs délicieux, servis avec ce riz si léger et si savoureux, une tomate grillée, un peu de beurre et les estrades sur lesquelles nous mangeons, assis en tailleur, deviennent des trônes de princes. Le film plastique qui sert de nappe accroche en ses plis les éclairs des néons.
Un signe du menton vers le haut, le yeux légèrement fermés, cela veut dire NON, ne me dessine pas. Damien traque désormais les silhouettes en cachette.
Rencontre avec un sculpteur sur bois qui ne parle que le farsi : un thé, des noix fraiches à déguster sur le champ. La réserve de plaques de medium à graver restera sur le bord de la route, les belles planches de noyer serviront de support aux travaux à venir.
Rencontre avec une famille de français en ballade, trois enfants, sourires aux lèvres. Nous partagerons le gâteau d’anniversaire d’Amélie, 5 ans. Direction Téhéran.
Entre monts Zagroz et monts d’Elbourz, nous rencontrons des flocons de neige sur notre route. Arrêt à Qazvin, guidés par Hassan jusque chez un garagiste qui changera une partie de notre alternateur. Merci Alain pour tes précieux conseils à distance ! Le filtre à essence a bien été changé près d’une belle mosquée aux dômes dorés.
Nous avons retrouvé un beau ciel qui, le soir, ressemble tant à du caramel que nous pourrions le lécher.
Qazvin a été capitale de la dynastie des Safavides au XVIeme siècle. Le palais-pavillon de cette époque est aujourd’hui entouré d’un joli parc où les jeunes viennent se détendre, les amoureux se promènent en se tenant la main, les voiles des jeunes filles glissent discrètement dégageant de longues mèches brunes. Qazvin- spécialités culinaires : frites succulentes dans un pseudo mac do, cela faisait bien longtemps ; nan cuit dans de grandes jarres de terre cuite, l’armée de boulangers danse au rythme de cette cuisson rapide.
Demain départ pour Téhéran.
Album photo n°9