Le Voyage du Cyclope Saison 2
Le Voyage du Cyclope Saison 2
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Machu Picchu

Machu Picchu

Et nous ouvrons nos livres d'histoire à Cusco, capitale de l'empire Inca (et beaucoup plus récemment jumelée à la ville de Chartres : nous ne vous oublions pas ! )

 

La dynastie Inca fut vraisemblablement fondée en 1200 mais c'est au début du XVème avec Pachacutec, "celui qui fait tourner la Terre", que l'Empire connut son véritable apogée. Grand conquérant, remarquable administrateur, immense bâtisseur, il serait le commanditaire de la cité du Machu Picchu, Pachacutec réussit à expulser du territoire Inca les redoutables Wari Chankas. L'empire s'étendait alors du Chili à l'Equateur, comptant dix millions de sujets. 

 

Pachacutec fit de Cusco, en quechua le "nombril du monde", une capitale admirable. La ville était organisée autour d'une immense place centrale, qui existe encore aujourd'hui, sensiblement réduite, la Plaza de Armas. De ce coeur, quatre voies desservaient les quatre régions de l'Empire en un système routier extrêmement efficace. Vissant le monocle du rêve, le Cyclope l'a vue cette cité sacrée, interdite aux roturiers, avec ses fabuleux monuments, maisons, palais, temples aux murs scintillants d'or et d'argent. 

 

Un siècle plus tard. Un des successeurs de Pachacutec, l’empereur Huayna Capac meurt brutalement. Comme le veut la tradition, son fils Huascar, doit lui succéder. Mais son demi-frère, Atahualpa, s'y oppose et cinq années de guerre civile s'ensuivent. En 1532, Atahualpa remporte la victoire et devient empereur.

 

Dans ces mêmes années, un explorateur espagnol rapporte l'existence d'une terre fabuleuse, le "Birú", devenu Pérou. Attiré par ces richesses, Francisco Pizarro, originaire de l'austère Estramadure, tente sa chance. En 1527, il accoste dans le nord du Pérou, accueilli par un magistrat Inca fasciné par les chevaux, les armures rutilantes, les épées forgées en acier de Tolède...Quant aux Espagnols, ils sont éblouis par les tissages, les tissus, les poteries mais surtout par la profusion d'or et d'argent. 

 

Six ans plus tard, Pizarro revient au Pérou en conquistador cette fois. Il sait, grâce à l'exemple de Montezuma au Mexique, que s’il parvient à capturer l'empereur Inca, considéré comme un dieu par ses sujets, il serait en position de force. Mais Atahualpa, trop occupé à célébrer sa victoire sur son demi-frère, ne se méfie pas. Entouré de ses hommes, bravache du haut de sa chaise à porteurs en or, il part à la rencontre de Pizarro. Les Espagnols lancent alors une attaque à coup de canon semant une telle confusion que l’Inca échappe à ses hommes. Il est fait prisonnier. 

 

En échange de sa liberté, Atahualpa promet une extraordinaire rançon. Les objets précieux affluent des quatre coins du royaume, tous les monuments de Cusco sont dépouillés de leurs ornements : plus de six tonnes d’or sont fondues en quelques mois, et les espagnols embarquent à bord de leurs bateaux deux fois ce volume d’argent. En remerciement, Pizarro revient sur sa promesse et ordonne l’exécution au garrot de l’empereur. 

 

Pizarro règne en maître depuis le plus beau palais de Cusco. L'empereur fantoche qu'il a nommé, Manco, se rebellera pourtant quelques années plus tard et livrera une célèbre bataille contre les conquistadors à Ollantaytambo. Un mouvement de rébellion est né, violemment jugulé par les espagnols. Tupac Amaru est capturé dans la jungle en 1572 puis décapité à Cusco avec sa femme, ses enfants et ses principaux partisans. Puis en 1781, Tupac Amaru II réclamant la liberté pour toute l'Amérique dans un mouvement révolutionnaire qui inspirera les luttes indépendantistes ultérieures, est écartelé et décapité en place publique. Il devint dès lors une figure mythique pour la reconnaissance des droits des indigènes.

 

Quant à Pizarro, il sera assassiné par ses propres compatriotes mais ses fils reprendront le sinistre flambeau.

 

Les Incas pouvaient se montrer tout aussi violents. Atahualpa aimait boire dans une coupe de cérémonie taillée dans le crâne d’un ancien ennemi; il aurait ordonné à son armée de tuer tous les membres de sa famille qui oseraient s’opposer à lui.

 

 

 

Cusco l'espagnole, intégrée à la vice-royauté du Pérou dont Lima est la capitale, se développe. Les édifices coloniaux construits au-dessus des bâtiments incas conservent les massifs soubassements de pierre. Les fonctions elles-mêmes se superposent : la Plaza de Armas remplace la place centrale Inca, de nombreuses églises et couvents baroques s'élèvent à l’emplacement même des temples. L'exemple le plus frappant étant celui du couvent Santo Domingo construit sur le Coricancha, originellement dédié au culte du soleil. Les demeures coloniales se multiplient, rivalisant de beauté avec leurs cours intérieures, leurs colonnades, balcons, fontaines...

 

 

Puis, au cours des siècles qui séparent le Pérou de l’indépendance, le métissage s’effectue donnant  naissance à un art original, en particulier en peinture, dite "école de Cusco", mêlant influences catholiques et incas, espagnoles et andines. Les photos étant interdites dans les églises, imaginez une Vierge dont la robe est brodée des méandres de l'Urubamba, la rivière la plus sacrée de la cosmologie Inca. Ou encore une Cène et sa belle nature morte où parade un cochon d'Inde, un de ceux dont on se régale encore aujourd'hui les jours de fête. 

 

Machu Picchu
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Quand nous flânons à Cusco, à Pisac, à Ollantaytambo où le pavage, les rigoles d’écoulement, le système de cours des maisons est resté inchangé depuis l’époque Inca, nous sommes frappés par l'efficacité et l'esthétique des vestiges : sachant que les Incas ne disposaient ni d'outils en fer, ni d'animaux de trait, comment ont-ils pu tailler et transporter ces énormes blocs de pierre? Ils avaient vraisemblablement à leur disposition une immense main-d’œuvre très organisée. Cette technique n'est pas seulement esthétique, elle est aussi structurale : en cas de séisme, les pierres flottent légèrement avant de retomber exactement à leur place, elles "dansent" dit-on. 

 

 

Machu Picchu
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Nous nous imprégnons de la beauté de cette Vallée sacrée, de ces sites pré-Incas et Incas : le temple de la lune, à quelques kilomètres d'Ollantaytambo, que nous rejoignons après une belle randonnée guidés par Irvin. Comment oublier le son sourd de la conque ?

 

Arrêt aux Salines de Maras : exploitées bien avant l'arrivée des Incas, des milliers de puits en terrasse, irrigués par une source chaude, offrent un paysage cubiste, insolite, en camaïeux d'ocres. Plus loin, les terrasses de Moray, créées par les Incas comme laboratoire agricole afin d'expérimenter différents micro-climats, dessinent un parterre de cercles concentriques, intuitif land art d'ombres vertes. 

 

 

Machu Picchu
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Nous partons pour le Machu Picchu.

 

Le train quitte Ollantaytambo et longe le tumultueux Urubamba jusqu'à la très touristique Aguas Calientes. Là, nous montons dans une navette rejoindre le sommet de l'Apu. Nous préservons alors nos forces mais en fin de journée nous redescendrons à pied, dévalant l'à-pic par un splendide sentier comme une trouée dans la dense végétation tropicale.

 

Machu Picchu ! 

 

Tout a été écrit à propos de cette forteresse, temple du soleil, grenier à céréales, merveille de génie civil...Tout a été expérimenté sur ces hauteurs jusqu'aux exploits les plus insolites : Che Guevara, lors d’une visite au Machu Picchu qui devait changer sa vie, raconte avoir joué au foot à cet endroit sans se soucier du danger.

 

On connaît aussi l'histoire de la découverte du site par l'américain Bingham, professeur d'histoire à  l'université de Yale, père supposé d'Indiana Jones...

 

Improbable Machu Picchu. Quel est le premier homme à avoir gravi cette crête, quel est l'architecte visionnaire qui décida que cette portion de terre dans les nuages, à cheval entre deux sommets acérés, bordée de précipices vertigineux, pouvait être dégagée, nivelée et adaptée tant à l’agriculture qu'à des habitations palatiales et cultuelles, défiant tempêtes, glissements de terrain et tremblements de terre en cet endroit situé non pas sur une mais sur deux lignes de faille?

 

 

 

Nous serons quasiment seuls sur le site, un privilège extraordinaire. Et la pluie qui retient les touristes à cette saison ne sera même pas au rendez-vous...Quand les nuages fibreux auront fondus en léchant les sommets vertigineux, le soleil surgira, puissant, colossal. Ne resteront alors qu'Inti, le dieu du Soleil, Patchamama, la Terre-Mère et Apu, l'esprit de la montagne : instant de grâce panthéiste. 

 

En une fraction de seconde un musée intime défile dans ma mémoire du Parthénon aux temples d'Angkor Vat, des pyramides de Giseh à la petite ferme landaise dans son airial...puis tout s'évapore. Le Cyclope se métamorphose en Vénus aux tiroirs et s'enfle d'un nouveau coffre à trésor. Pablo Neruda nous accompagne : "Machu Picchu est un voyage à la sérénité de l’âme, à la fusion éternelle avec le cosmos, là-bas nous sentons notre propre fragilité. C’est une des plus grandes merveilles d’Amérique du Sud. Un havre de papillons à l’épicentre du grand cercle de la vie. Un miracle de plus. " ....qui ressemble au sublime.

 

 

 

Machu Picchu
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