Hasta la vista la nueva familia !
Hasta la vista Chile !
20 heures de bus.
Direction l'Argentine par la cordillère. Le ronronnement du bus accompagne les rêveries. Retour au début du XXème siècle et à l'histoire de ces aventuriers du ciel, artistes des étoiles, Jean Mermoz ou Antoine Saint-Exupery qui, au service de l'Aéropostale française, volaient par dessus ces pics déchiquetés, ces pentes abruptes, s'y échouaient parfois, bricolaient alors les moteurs pour repartir tresser des voies célestes qui vissent dans l'œil du Cyclope un chemin d'attrapes-rêves.
Le mois à venir sera studieux, nous avons pris un peu de retard sur le programme du Cned, il sera vite rattrapé grâce à la belle énergie d'Hersilia et de Simon.
San Carlos de Bariloche : quinze jours
Bariloche c'est la Suisse de l'Argentine.
Nous logeons dans une jolie maisonnette vert jade, à quelques pas de l'immense lac Nahuel Huapi, souvenir d'une très très lointaine époque où la calotte glaciaire recouvrait la région. Il en garde des eaux glacées d'une pureté cristalline. Au loin des cimes enneigées. Au large, l'Isla Victoria et sa végétation touffue du vert profond des conifères aurait inspiré Walt Disney pour les décors de Bambi... Bon, la référence est un peu mièvre, soit, mais elle nous évite de penser plus longtemps à ces nombreux nazis qui s'installèrent à Bariloche au lendemain de la guerre, ski et chocolat chaud en compagnie de leurs copains croates ou italiens...
Cette région des lacs, tant du côté chilien qu'argentin, est la terre des Mapuches : indiens, animistes, que l'on dit rebelles dans l'âme et qui revendiquent aujourd'hui leurs terres spoliées. Malheureusement mon pauvre niveau d'espagnol ne me permet pas de suivre cette question d'actualité, complexe, brûlante et tragique.
Promenades dans le parc national jusqu'à la station de ski Cerro Catedral, déserte en cette saison, en passant pas la "colonie Suisse".
Balades dans la montagne entre deux leçons, au bord du lac après les maths, un peu de sport au square.
Dans le quartier résidentiel où nous nous trouvons, chacun entretient son jardin avec soin, arrosant sa pelouse, taquinant ses massifs de fleurs. Après la longue trêve hivernale le réveil de la nature est éblouissant : fleurs alpestres, lilas, coquelicots, massifs de genêts géants, plein de couleurs, de parfums. Des chiens errants nous accompagnent parfois et ce serait épatant si tous les cerbères n'aboyaient pas à notre passage.
Le soir, infusion de boldo et nous nous couchons heureux.
20 heures de bus de Bariloche à Puerto Madryn : nord de la Patagonie.
Au sud de Bariloche, des ombres de l'histoire s'agitent à nouveau. Ce monde austral a été la destination de nombreuses canailles comme Butch Cassidy qui vécut dans une de ces cabanes.
Nous avons l'impression d'être seuls au monde, peu de trafic, logique sachant qu'en Argentine la densité de population est de 15 habitants/km2 (pour 117 en France) et que la plupart des Argentins vivent en agglomération...
En filant vers l'est, le massif des Andes s'adoucit peu à peu pour fondre en une steppe sauvage, s'étirant à perte de vue, vierge transpercée du i majuscule de la route que nous suivons. Rien. Rien d'autre que ces deux vieux amants qui soupirent au Vent : Terre et Ciel.
Noël à Puerto Madryn : quinze jour.
La ville se love dans une large baie où les vagues de l'Atlantique finissent leur course en douceur. Le vent pulvérise un air voilé de sable.
A quelques kilomètres plus au nord se trouve la Péninsule Valdés. Là, les courants chauds des côtes brésiliennes se mêlent aux courants froids des Malouines créant un écosystème exceptionnel. Pour les habitants du grand large, baleines franches australes, éléphants et lions de mer, manchots de Magellan, c'est un paradis. Un lit douillet où s'ébattre sous l'œil complice de milliers d'oiseaux marins, puis une crèche idéale, exception faite du redoutable orque qui vient cueillir sans ménagement quelques nouveau-nés... Il semblerait de plus que le plancton y soit particulière savoureux. On vient ici muer, oui muer, les éléphants s'échouent et leur gros corps d' obus se couvre d'une nouvelle cuirasse nécessaire pour affronter les profondeurs glaciales de la mare incognita, pays des calamars géants. Vautrés les uns sur les autres, ça ronfle, ça ouvre un œil morne et ça attend le printemps de la peau.
Que ceux qui aiment aiguiser leur orgueil en observant un singe en cage passent leur chemin. Ici, ce sont les animaux qui sont maîtres des lieux et en nous ignorant il nous renvoient à notre juste infinitésimale place.
Au pied du sapin il n'y aura (presque) pas de paquet cadeau à déballer mais une journée dont la saveur restera gravée au plus profond de nos cœurs : nous avons nagé avec les éléphants de mer !!!! Même pas peur !
31 décembre 2017 : retour à Buenos Aires où nous préparons la suite de l'aventure.
De là, nous vous envoyons le meilleur de nos vœux : que vos rêves, des plus sages aux plus fous, puissent se réaliser !