Le Voyage du Cyclope Saison 2
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Thaïlande et passage furtif au Laos

Thaïlande et passage furtif au Laos

3b PasakChomlasit Dam

 

 

 

 

 

 

Jeudi 1er mars : nous quittons le Cambodge par le poste frontière d’Aranyaprathet, à l’Est de Bangkok.  Et depuis, nous sillonnons le pays, en totale immersion.

 

 

Ce seront tout d’abord de petites étapes sur quelques  plages du golfe de Thaïlande, dans cette très étroite bande de terre au sud-est de Bangkok, coincée entre mer et Cambodge : Baeng Saen, Rayong, Ratchakaron, Khlong Yai…

 

Les criques paradisiaques alternent avec des rivages d’une saleté insoutenable. Nomades, nous choisissons nos lieux de villégiature. Après une matinée studieuse,  c’est  le moment de mille plaisirs tout simples : la mer et ses trésors.

 

Le soir, nous  observons les lucioles scintiller dans les palmiers alors que les geckos, cachés dans les feuillages, nous surprennent  de leur cri étrange.

 

Au loin, soulevant de gigantesques éclaboussures, un typhon  s’enroule entre mer et nuages, à moins qu’il ne s’agisse d’un être fantastique hurlant sa colère. L’animisme  des lieux nous ensorcelle.

 

Plus loin encore, c’est la « maison des martinets » qui nous étonne.  De l’extérieur, tout porte à croire qu’il s’agit d’un petit immeuble d’habitation comme il en pousse ici, l’habitat traditionnel en bois sur pilotis a tendance à s’effacer au profit de ce type de construction.  A y regarder de plus près, on remarque qu’il n’y a pas de fenêtres mais de toutes petites ouvertures, très  nombreuses. Des centaines de martinets volent, déchirant l’air de leurs cris stridents. C’est ici qu’ils nichent, tapissant les murs des appartements de leurs  « nids d’hirondelles » dont les chinois sont si friands, et qui se vendent à prix d’or. 

 

Après séchage au soleil des produits de la pêche, les artisans préparent des saumures de poisson dans des fabriques vieillottes où la chaleur des étuves est inhumaine.

 

Ailleurs, ce sont des herbes odorantes qui sèchent sur des nacelles d’osier.

 

Au large de Kho Chang, dans le village de Laem Ngop, un petit musée, frère guerrier de la villa Arpel de Jacques Tati, raconte l’histoire d’une bataille au cours de laquelle, en  1941, forces navales thaïs et françaises s’étaient opposées.  Victoire  thaï ici, victoire française dans nos manuels d’histoire.  Les relations avec la France n’ont pas toujours été des meilleures même si la Thaïlande pratique ce que l’on appelle ici « la diplomatie du bambou qui penche dans le sens du vent ».

 

Passage à Chanthaburi, ville du négoce de pierres précieuses.  Les vendeurs s’attablent en bordure de trottoir, loupe vissée à l’œil, et sur une nappe immaculée présentent leurs trésors.  L’installation nous fait craindre la pire des escroqueries, mais nous apprendrons plus tard, grâce au « père Noël en short » (nous te saluons sans oublier Yoh),  que l’étude fine des gemmes nécessite une observation à la lumière naturelle.

 

Un  peintre assoupi dans sa belle maison en bois s’éveille pour partager des rires devant ses gigantesques toiles.

 

 

Nous reprenons la route. Croisons, encore et toujours, le portrait du couple royal, encastré dans de  fabuleux arcs de triomphe enjambant les voies rapides. Le thaïlandais respecte le roi et les crimes de lèse-majesté sont très sévèrement punis.

 

Nous remontons  vers le Nord en suivant la plaine centrale, le bassin fertile du fleuve Chao Phraya.  Rizières à perte de vue. Des buffles aux cornes démesurées, avachis dans la boue, tachent de brun le tapis vert. Il est inexact de dire que le riz est le plat national thaïlandais, il serait plus juste de parler des riz, tant les variétés sont subtilement nuancées, du riz gluant cultivé en montagne au riz « jasminé » remportant  tous les lauriers.

 

 

Pasak Chomlasit Dam ou Alice au Pays des Merveilles version thaï. Animaux géants en béton peint sur armature de métal, char surmonté d’êtres fantastiques, arbres centenaires enturbannés, coin salon en pneu recyclé… Croyances et légendes, hier et aujourd’hui, s’embrassent ici dans une inventive, une ingénieuse  passion du savoir-faire.

 

En bas aussi il s’en passe des choses : chenilles, araignées, scorpions… et ces déesses- tortues qui n’ont même plus peur de nous.

 

 

 

Puis, nous bifurquons vers l’Est et, de Loei, nous rejoignons Chiang Khan.  Nous y sommes, nous sommes sur les rives du mythique Mékong.

 

Une route époustouflante épouse les méandres du fleuve gigantesque. Nous l’empruntons vers l’Est afin de rejoindre le « pont de l’amitié » par lequel nous entrerons au Laos. Il est aussi possible de traverser le Mékong en barge, y compris avec notre véhicule, un bus parisien y est passé avant nous ! Dans cette portion, le lit du fleuve est habité d’îlots verdoyants, plus loin, ce sont d’énormes blocs de roche aux profils géométriques, un monde de formes nervurant les flots.

 

 

C’est alors que la nouvelle tombe: le bateau où nous embarquerons notre carrosse de Bangkok à Dubaï pour traverser à nouveau l’Océan Indien, partira le 1er avril.  Les jours sont comptés, nous n’aurons pas le temps de nous promener au Laos aussi longtemps que nous l’avions imaginé.

 

Nous avons en effet décidé de rentrer par l’Iran, puis la Turquie du Sud… il ne s’agit pas de revenir sur nos pas mais bien de s’imprégner plus avant pour sentir palpiter le cœur des choses, des êtres, de ce petit bout du monde en somme.  Après le temps de la sidération, vient celui de la contemplation.

 

Notre avion s’envolera le 19 avril. Bangkok –Dubaï, juste 6 heures de vol.

 

 

 

 

S’imprégner de la culture thaïlandaise nous enchante. Pays de cocagne à la confluence des géants indiens et chinois, la culture y est subtile. Le bouddhisme s’accommode de l’animisme ancestral. Les codes de la mondialisation n’ont pas encore défait certaines traditions. Une forme de  conformisme semble solidement ancrée. On aime l’uniforme ici, que l’on soit écolier ou salarié, on porte avec fierté le polo frappé au sigle de l’école ou de l’entreprise. Les grandes chaînes de restauration ne concurrencent pas les cuisiniers ambulants… Regarder encore, sentir encore battre ce pouls.

 

Mais aussi apprendre. Les origines du peuple thaï se perdent dans la nuit des temps. On sait qu’ils s’organisèrent très tôt en cités-états. Pour certains historiens, ils auraient longtemps vécu dans l’ombre des grands empires autoritaires, pour d’autres, ils seraient les habitants de cette contrée mythique, Suvarnabhumi, la « Terre d’or ».  Quoiqu'il en soit, c’est au début du XIIIème siècle, qu’ils fondent le premier royaume thaï. Sukhothai, « l’aube de la félicité », est promue capitale, puis se sera Ayutthaya, et  à la fin du XVIIIeme siècle Bangkok, la « cité des anges ». Une longue et bien riche histoire qui palpite encore dans tous les lieux que nous traversons.

 

 

 

 

Le Laos ce sera donc pour une autre fois ! Nous passons cependant quelques jours dans la capitale laotienne pour, entre autre, renouveler notre visa thaïlandais. 

 

Comme au Cambodge, on roule à droite, on capte RFI et les dernières nouvelles de France…. La capitale a des airs de province et, comme à Phnom Pen, on comprend vite que nous sommes dans une enclave où le billet vert règne en maitre.

 

Nous quittons la capitale pour un autre jardin de sculptures, bouddhistes cette fois, et les quelques kilomètres qui nous séparent de Vientiane nous donnent une idée de l’état du réseau routier laotien.
Plus de bitume, une piste et ses ornières qui nécessitent une conduite attentive. Nous dormons dans le « jardin » d’un petit hôpital bien vétuste.

 

A Vientiane, nous croisons beaucoup de touristes européens. Et, les rangs de notre école s’étoffent grâce à la famille « sanstemps » qui, depuis la France, s’aventure sur les routes du monde. Bien le bonjour à vous !

 

Dans l’enceinte d’une pagode bouddhique, un jeune moine nous offre de nombreuses victuailles qui lui ont été offertes le matin même.

 

Nous sommes chassés de notre bivouac par des policiers à casquette étoilée.

 

Nous respirons la brise légère à l’abri de temples grandioses, non loin de l’emblème national,  gigantesque bouton de lotus doré à la feuille. Il aurait été maladroitement restauré par les français, pourtant, ce monument inspire le respect pour la pureté de ses lignes et sa symbolique initiatique savante.

 

 

 

Vientiane-Laem Chabang en deux jours. Laem Chabang, le grand port de Thaïlande à 100 km au sud de la capitale. Le bateau part à la date convenue. Nous sommes à nouveau comme une tortue ayant perdu sa carapace. Nous rejoignons Bangkok et de tortue nous passons à l’état de fourmi. Mais le choc de la métamorphose est amorti par de vrais lits, de vraies douches, de vraies tables et tout le confort d’un logement « normal ».

 

De là, nous rejoignons après 12 heures de bus, le Nord-Ouest du pays, et fêterons le Nouvel an bouddhiste à Chiang Mai ou dans les montagnes environnantes.

 

Impressions de voyage à Bangkok et Chiang Mai – à suivre !

 

 

 

 

Album photo n° 0-23