C'est avec une joie teintée d'émotion que nous avons visité le parc de Targu Jiu où Brancusi installa la Porte du baiser et la Table du silence reliées par une allée de sièges circulaires. Non loin se trouve la colonne sans fin sur un plateau surplombant la ville.
Pour des français, dont Brancusi représente le père de la sculpture moderne, c'est comme un retour aux sources. Lui qui si souvent balisa notre passion pour cet art, découvrir ses oeuvres dans leur contexte originel nous rapproche de l'âme roumaine et révèle les liens privilégiés qui unissent ces deux pays.
Ces monuments furent commandés à Brancusi par la Roumanie, pour commémorer les soldats tombés en 1916 au bord du Jiu. Le sculpteur s'exprima ici également en architecte, posant ces oeuvres sur leur socle naturel et les inscrivant dans le plan de la ville. Une rue fut en effet tracée à cette occasion pour relier la colonne sans fin à l'église des saints Apotres Pierre et Paul.
Les oeuvres de Brancusi prennent donc toute leur majesté dans cette ville de son département natal. La rudesse que l'on peut ressentir dans les cités roumaines est ici élevée à un rang spirituel en mémoire à toute la souffrance du
peuple roumain.