Le Voyage du Cyclope Saison 2
Le Voyage du Cyclope Saison 2
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Angkor

Angkor

 

 1aa Vishnu par Vishnuk God

 

 

 

L’histoire du pays se rappelle sans cesse à nous. Les entrailles de cette terre cachent encore de sinistres secrets. Nous en découvrons quelques-uns dans des lieux de mémoire comme ce « musée de la mine » créé par Aki Ra. Il fut un de ces malheureux enfants-soldats.

 

 

Nous poursuivons notre plongée dans la culture cambodgienne, apprécions l’émergence encore timide d’un art contemporain et le raffinement d’une tradition artisanale : sculpture, laque, travail de la soie…De la magnanerie au tissage, nous découvrons toutes les étapes de la fabrication de ses petites merveilles. Et que tournent à jamais ces roues de bicyclette posées sur un tabouret, Marcel !

 

 

Nous cultivons nos papilles en « dégustant » une fondue au crocodile. C’était avant la découverte inopinée d’un élevage clandestin.

 

 

Un jour, à l’heure de la sieste où la ville s’engourdit pour plusieurs heures, nos réserves de nourriture taries, notre frigo irrémédiablement hors service, et que, sous ces tropiques, nous regrettons amèrement, nous comptons sur un de ces vendeurs ambulants pour nous régaler. Nous chercherons longtemps ce cuisinier-volant qui nous propose quelques morceaux de viande flottant dans une sauce brune. Après avoir épuisé tous les cris d’animaux que nous connaissons et qui n’éveillent aucune lueur dans l’œil de notre gargotier, nous nous résignons. Servi avec du riz cela devrait faire l’affaire. Une seule bouchée suffira, les récits des us et coutumes cambodgiens nous reviennent en mémoire. Aujourd’hui, nous jeûnerons.

 

 

 

Luxe suprême : se promener dans les vestiges d’Angkor alors même que les cars de touristes en sont repartis. Nous devenons les maîtres d’un immense terrain de découvertes, seuls, et regardons monter la lune dans le silence crépusculaire.

 

 

Angkor fut un centre religieux et politique extrêmement puissant, capitale d’un immense royaume. Les dizaines de temples construits dans cette enceinte, les vestiges des structures palatiales, les nombreux « réservoirs » d’eau, les ponts-barrages sont les témoignages d’une culture brillantissime.

 

 

De nombreuses divinités brahmaniques émigrées d’Inde depuis des temps très anciens, ainsi que des boddhisattvas y règnent en maîtres.

 

Vishnu, l’aïeul des mondes, s’éveille à une nouvelle ère. Et tant pis si la fleur de lotus naissant de son nombril a disparu de ce bronze aussi mythique que sublime.

 

Çiva apparait fréquemment  accompagné de ses redoutables gardes hybrides à tête de singe ou de rapace, les Gana. Sa monture, le taureau Nandin, sera pour un instant apprivoisé par le Cyclope facétieux.

 

Et les fumées des bâtons d’encens caressent de leurs volutes les rondes épaules du Bouddha.

 

 

Nous lisons sur la pierre quelques pages du Ramayana tel ce bel épisode du barattage de la mer de lait au cours duquel dieux et « démons » enroulent autour de la Montagne un serpent  et barattent cet océan crémeux pour en extraire l’élixir d’immortalité. Que devint le nectar ? Nul ne le sait, mais on se souvient que s’éveillèrent alors ces élégantes nymphes célestes, les délicates apsaras, et que depuis, leurs danses résonnent comme une promesse de bonheur.

 

Nous jouons au jeu des empreintes sur d’anciens textes gravés en sanscrit …

 

Nous suivons des reportages pris sur le vif au XIeme siècle et où femmes et enfants vaquent éternellement à leurs occupations.

 

 

Ici, le colossal et le miniature se croisent, l’infiniment grand rejoint l’infiniment petit, la dialectique entre macrocosme et microcosme a la couleur de la brique, du grès et de la latérite. Le temple est conçu comme une réplique de l’univers, avec en son axe la montagne originelle, entourée des continents, eux-mêmes cernés par les douves-océans. Pénétrer et progresser dans cet espace relève du voyage initiatique. Nâga, le cobra à 7 têtes, puissant arc-en-ciel d’écailles, nous invite à quitter le monde profane pour rejoindre la demeure des dieux.

 

 

Parmi les temples les plus anciens, ceux de Roluos, remontent au IXeme siècle. C’est du sommet du temple-montagne que la structure architecturale révèle au mieux son profil de mandala.

 

A Angkor Vat et Angkor Thom, la ville royale, l’âge classique s’épanouit : du grand art, noble, élégant, raffiné. Les murs, immenses et cohérents puzzles de pierres posées à joint vif, relèvent d’un soin attentif. Les encadrements offrent des perspectives envoûtantes, et donnent l’illusion de se déplacer dans un tableau minéral et végétal. Les visages de pierre de taille surhumaine, aux lèvres lippues, aux yeux en amande, narguent les siècles. Et encore une fois, tant pis s’il ne s’agit que d’une excroissance mégalomane.

 

 

Le temple de Banteay Kdei a été construit à la fin du XIIeme siècle, selon toute vraisemblance, comme Ta Prohm. Ce dernier flirte depuis des décennies avec d’immenses fromagers, le « figuier des ruines ». Et quand le soleil décline on entend le grondement de leurs baisers sismiques.

 

 

Nous dormons à l’ombre de ce petit bijou rosé, le temple de Banteay Srei, celui-là même que Malraux « visita », bercés par les devatâ.

 

 

 

Et nous quittons le Cambodge regrettant de ne pas avoir pénétré le pays dans ses régions reculées mais encore sous le charme de tous ces instants précieux.

 

 

 

 

Album photo n° 0-22